La violence nous concerne tous, naturellement, et elle est partout. Mais on pourrait dire aussi que d’une certaine manière elle n’existe pas ! La violence n’est pas intrinsèque à l’être humain : elle le traverse. Alors, comment reconnaître la violence en nous, lui faire face (avec douceur) et… la dépasser ?
La première idée reçue est que la violence consiste à causer de la souffrance, à faire mal. Or si, par exemple, je punis un enfant dans le cadre d’une autorité légitime, je cause en lui de la souffrance, mais dans la mesure où cette punition est juste, je lui pose une limite qui va le structurer et l’aider à affirmer son être. De la même façon dans beaucoup de traditions (notamment le zen), abondent les récits de ce qui, de la part de maîtres envers leurs élèves, nous semble pure violence (jusqu’à la défenestration, des membres brisés, etc.). Or c’est au paroxysme de cette violence que l’élève s’éveille et touche sa vérité la plus profonde ! Un maître fait souffrir son élève, mais là encore, aussi paradoxal cela nous semble-t-il, cette apparence de violence est la plus radicale affirmation de l’autre, puisque elle le mène à lui-même. La violence ne peut donc se définir par le fait de causer la souffrance. Bien plutôt, elle est le contraire de l’affirmation de l’autre : elle désigne tout comportement par lequel je nie l’humain — en ma personne comme en celle de l’autre.