DÉSIR, ACCOMPLISSEMENT

Cela que cherche un être humain n’a pas de cause, et ne peut donc être provoqué. Si l’on accepte totalement cette impuissance, cela se produit.

Combien faut-il lâcher d’attentes pour être disponible à ce qui nous attend ?

Jouir est un oui du je au corps.

Tes désirs sont des ordres. Alors obéis-leur !

L’espoir a pour objet le connu ; l’espérance, l’inconnu. L’espérance est désir.
Seul celui qui a su désespérer désire en vérité.

L’oisillon qui vient de plonger dans le vide a tout intérêt à assumer son acte en battant des ailes, plutôt que de les utiliser pour se voiler la face.

La tiédeur est une violence contre soi, redoublée par sa propre occultation.
C’est pourquoi elle est la source de toute violence manifestée.

La tiédeur est une arme de destruction passive.

La passion est une tiédeur paroxystique.

Ne plus être vivant pour ne plus être mortel : éternité du tiède.

La mort est là pour nous rappeler de vivre.

Toute peur de la mort est un désir de vivre refusé.

Marcher avec la mort, pour ne pas passer à côté de la vie.

Mourir est le changement de point de vue le plus radical. C’est pourquoi philosopher y exerce.

La chair de l’homme sait, sans que l’homme le sache, que l’instant de la mort sera le lieu d’une seule question, à deux faces : quel désir n’as-tu pas vécu ? Quel vivre n’as-tu pas désiré ?

Être vivant justifie la vie.

Ne jamais oublier que tout instant comme toute rencontre est une première et une dernière fois.

S’abstenir de chercher, car chercher c’est savoir. Laisser l’inconnu rencontrer mon désir. Laisser mon besoin qui sait ses objets se muer en désir qui a pour objet ce qu’il ne sait pas.
Je ne cherche pas, je me laisse trouver.

Le temps est l’ennemi du mental et l’allié du désir.

L’engagement ne peut être qu’infini. Car c’est l’infini qui s’engage. Sinon c’est simulacre.

D’un point de vue existentiel, mieux vaut échouer dans une grande aventure que de réussir une petite tentative.

On ne peut avoir assez que du même.

Si le moi est système d’identifications, c’est-à-dire de savoirs, le désir, qui a toujours pour objet ce qui échappe au savoir, dépasse et dissout le moi.
Ce n’est donc pas le moi qui désire. Qui désire ?

Il n’y a pas de sujet du désir.

Tant que le moi se regarde lui-même, fut-ce mourir, il se maintient, puisque tout son être tient dans l’obsession de soi.
La seule antidote au moi est le désir, qui n’a d’objet que le tout-autre.
Regarder. Écouter. Humer. Goûter. Toucher. Vivre. Là, où est « moi » ?

Quand tu quêtes réassurance, souviens-toi que ta peur est la face obscure de ton désir, et que ton désir t’emmène inexorablement vers vivre ta peur. Souviens-toi que là seul est la joie.

Ce qui me fait peur est ce que je désire. Je ne m’en aperçois pas toujours parce que la peur déforme son objet.
D’où la fécondité de cette question : qu’est-ce qui se désire dans ma peur ?

Le désir aspire à se vivre dans le monde. Le monde est construit sur la négation du désir. L’accomplissement du désir implique donc d’accueillir sa négation, sans jamais s’y résigner.
Quand le désir souffre, vivre le désir, c’est souffrir.

Le désir va vers le tout-autre, il appelle donc l’autre que tout même : la mort — non la négation de la vie, mais la face obscure de son sommet.

Conscience : cela pour qui tout est autre.
Désir : élan vers le tout-autre.
La conscience est désir jouissant de lui-même.
Le moi, identité immuable, est négation de la conscience et du désir.

Le désir est destin pour celui qui dit oui.

On reconnait les appels du désir à ce qu’ils sont impossibles et nécessaires.
Le désir est un appel au miracle.

Le désir est inscription dans le corps de l’appel divin ; la volonté, dans sa vérité, est engagement total dans l’obéissance au désir.

Dès que l’on cesse de regarder la vie du point de vue du manque (je vois ce qui n’est pas, je ne vois pas ce qui est), naît la gratitude.

L’esprit désire, le corps aspire, au milieu je décide, au prix de la douleur d’être une chair vivante, de les laisser s’unir — ou non. Unique liberté.

Désir, immuable moteur.

L’ultime problème de l’homme de désir : vouloir cet accomplissement qui consiste à ne plus rien vouloir.

Réaliser désespérément qu’il s’agit là d’un problème sans solution révèle pour toujours l’inanité de tout problème.
Destruction de la volonté, avènement du pur oui agissant.

Nul besoin de juger le réel pour y inscrire un désir humain.

Toi qui as eu l’imprudente sagesse de te laisser accrocher par ce qui te dépasse, le moindre de tes espoirs sera déçu jusqu’à l’ouverture, en toi, d’un espace pour l’Inespéré.

La pulsion veut toujours plus ; le désir aspire à toujours autre.

Tout éveil est un moyen ; malheur à qui l’atteint en en ayant fait son but : sa vie n’a plus de sens.

Le monstre contemporain : le sub-jectum éveillé ; l’homme sujet de son propre éveil. Luci-fer.

Nier rassure, car on sait toujours ce que l’on nie et l’on n’y ajoute rien en le niant.
Le oui pur, quant à lui, aventure de ne rien exclure, est ouverture à l’insu, accueil de la dimension créatrice de la vie, pour le dire en un mot : désir.

Je nourris ce que je nie. Car la négation est attention ; et, plus encore, attention exclusive car sa logique est de prendre toute la place : le « je ne veux pas cela » se transforme en « je veux le non-cela ». Tout objet de mon désir est ainsi réduit à sa qualité de négation du connu que je refuse, donc nié dans son altérité d’inconnaissable. Par là, c’est la dynamique même de mon désir qui est niée. La négativité est le meurtre intérieur du désir. Le désir n’émerge que dans l’espace du oui.

Le désir est la Parole de Dieu dans le monde de la mort de Dieu. Les dernières volontés du Dieu mort.
Ton vrai désir : le testament de Dieu.