POLITIQUE ET VIVRE ENSEMBLE

La démocratie n’est viable que pour un peuple de rois.

Être parent, c’est être le passé d’un autre.

Devenir un maître des résonances, en se reliant consciemment au meilleur de l’autre. C’est-à-dire à sa vérité, au tout-autre qu’il est, source d’un incessant renouveau. Cela implique de lâcher tout savoir, afin d’entrer dans l’intuition de l’unique.
Certaines personnes sont entourées de gens qui ne font qu’appeler le pire en elles. Et il est confortable, pour un groupe, de disposer d’un être au compte duquel chacun peut placer l’exécrable de lui-même. Bouc émissaire… Pharmakos… Tout ce que l’on reproche à un autre, on le porte en soi. C’est en cela, aussi, que nous sommes un.
Le maître des résonances est un artiste dont la matière est l’humain. Il y crée la beauté.

Face au pire de l’autre : ne pas relever, ne pas rejeter, offrir un accueil qui ne donne pas de prise. Alors, de lui-même, il lâche. Et de l’autre se propose.
Non susciter le meilleur, quelle prétention ! Mais n’offrir au pire aucune résonance.
Il suffit ne rien défendre.

« Toi » qui attends de moi que je comble ton manque, nous ne sommes pas contemporains : « tu » appartiens à l’histoire passée de cet autre, ce Tu qui me fait face et que « tu » aspires à dominer au point qu’il soit identifié à « toi » ; il m’est donc impossible d’entrer avec « toi » dans une relation de fécondité.
Mais dès que j’entre avec cet autre dans une relation de fécondité, alors je suis aussi en rapport avec toi qui, bien que n’étant plus cet autre qui est présent, est toujours présent en lui.
Tu ne peux rien me demander.
Mais je peux t’aimer.
Même te parler.
Petit enfant.
Écoute :
Cet autre seul, présent en face de moi, peut t’offrir la présence dont tu es l’imploration. Car si tu n’appartiens plus au présent du monde, tu es présent en lui. Mais s’il te laisse, identifié à toi, entrer en relation avec d’autres à sa place, il n’est plus en relation. Ni avec l’autre, ni avec toi. Car, demandant à d’autres ce qu’il est seul à pouvoir te donner, il te prive de lui-même et se prive des autres.

Le faux amour prend pouvoir sur la liberté de l’autre.

Aimer, c’est donner librement du pouvoir.

Toi, moi : distincts, seuls, mais non pas séparés.
Dans le soulagement de la fusion, on nie la distinction, et cela sépare : de soi d’abord, de l’autre par suite.
Mais au cœur de ta solitude et de ton silence (ils sont frère et sœur), tu rejoins le cœur de mon silence et de ma solitude.
Parce que je suis, parce que tu es, nous sommes.

Mystère de soi et mystère de l’autre sont un même désir.

Il existe en chacun de nous une ribambelle de petits enfants innocents vivant dans un monde de jouets. Préserver leur innocence, mais dans la conscience de l’autre humain : défi de la maturité.

Simplicité : prendre l’autre au pied de la lettre et dire seulement ce que l’on sent.

Mes amis : je donne, et n’attends rien. Mais je ne donne pas pour eux. Je donne pour que la Vie donne à travers eux. Mes amis sont ceux en qui j’ai vu, donc aimé, la singularité d’un don possible au monde.

Donner à soi comme à un autre : ni plus, ni moins. Mais en numéro un.
Non par préférence, mais parce que donner demande davantage que recevoir.

On voit l’enfant pervers parce qu’on refuse son animalité ; il devient pervers à cause de ce refus même. Adulte, cadavre de l’enfant.

Adulte n’est souvent que le nom donné à la cuirasse qu’a dû revêtir l’enfant pour ne pas mourir ou devenir fou.
On ne frappe jamais que pour protéger l’enfant que l’on est sous la cuirasse, de la cuirasse qui couvre un autre enfant.
Tout le monde se défend.

La confiance est la folie de l’amour.

Est esclave du pouvoir qui préfère obtenir plutôt que recevoir.

L’amour que tu mendies hors de toi réside au plus intime de toi et tu ne l’éprouveras qu’en le donnant.

S’aimer, c’est aimer ensemble.

Si je suis tout pour toi, c’est que tu n’es rien sans moi. Comment ce rien serait-il objet de mon désir?

On ne peut être maître de sa vie qu’en étant absolument seul, ou maître de la vie des autres.

N’est heureux sans créer le malheur que l’être courageux.

Dire « tu », c’est renoncer à être l’origine d’un autre qui, comme moi, n’est pas l’origine de lui-même ; toute relation vraie entre je et tu questionne en direction d’un mystère, celui de notre commune origine. Ce questionnement partagé est l’espace de la fraternité.

Combien de temps devrai-je te fréquenter pour, cessant de te connaître, enfin te rencontrer ?